28.1.09

L'AUTRE MONDE


















Dans l’aspirateur comme un ventre sale, stagne un monde un genre de monde beau comme un frère
un gendre idéal, plein de clins d’œil, de moues de bouche et sourcils épais qui font se presser les filles poussières.
Des fils de tapis issus de bonnes familles aussi tissent des barrières à l’arrière pour éviter tout repli sur soi.
Quand vient le moment de vider le sac, émois, pleurs et déchirements
se précipitent à l’extérieur, à la découverte de l’autre monde,
moins beau.

25.1.09

MON MOI


















Jamais sans mon moi cet idiot qui ne sait rien.
Plié dans la valise,
je souhaite qu’il se tasse.
Encombrement de ses membres inutiles, ça dépasse…
A la pelle je creuse !
Aveugle ou sourd il se déguise
et de gémir comme un enfant maudit.
Dans la piscine tout au fond on se réconcilie,
notre maillot de bain de compèt
nous va bien.
Mouillés trempés
tout collés on ne fait plus qu’un.

23.1.09

CASSEROLES


















Cependant scrutons encore le fond
des casseroles,
des erreurs de jugement s’y collent,
« Mange ta viande » dit l’homme à la veste verte à la petite fille en rose qui croque une frite,
des errements de colibacilles aussi, on compte quelques larmes de cendrillons, deux ou trois crachats de souillons, beaucoup d’abandons de domiciles…
Tout ça mijote aux petits oignons et quand une fois la soupe servie il faut encore récurer; dans le miroir terni de l’inox on aperçoit une brochette de gueules cassées pas ravalées, qu’on servirait même pas aux chats.
« mets ton bonnet et avance, la route est longue »
Dans le reste de salade un petit ver fait le voeu de sauver sa peau.

21.1.09

MAQUEREAU


















J’ai un ami maquereau.
Beaucoup de gens ne comprennent pas cela.
Je précise que mon ami est en écaille argentée.
Malgré cette distinction, les gens ne me comprennent pas.

19.1.09

QUATRE VERRES DE VIN


















Quatre verres de vin
c’est pas des vers à soie
n’est ce pas ? et justement
quand il s’agit de rentrer chez soi,
le chemin le plus court n’est pas forcément
celui que l’on prend
mais cela n’a pas d’importance
car tant qu’on marche
on sait ce qu’on fait,
mais si l’on sombre
on risque de se perdre
et peut être ne jamais
se retrouver.
Tout ça pour quatre verres
De vin ! c’est cher payé !
Mieux vaut se renseigner
sur le prix du ver à soie.

QUESTION


















J'ai demandé à mon père mais il était mort.
Alors j'ai demandé à ma mère qui m'a répondu
- « va demander à ton père »
- « Mais maman papa est mort ! » lui ai-je dit.
- « Et alors » elle répondit.
Je n'eus jamais de réponse à ma question et je finis par oublier quelle était cette question, si bien qu'aujourd'hui quand mon enfant m'interroge je lui réponds :
- « Tu as bien de la chance d'avoir encore ton papa, alors ne l'embête pas avec tes questions ! »
Il semble bien comprendre ce que je lui signifie et il s'éloigne méditant ces bonnes paroles.

18.1.09

ATTENTION AU TAPIS


















Oh vous êtes si beau votre main pâle sur le revers de votre manteau, c’est du satin n’est ce pas non ne me dites pas je devine très bien, c’est cela, votre sourcil droit est légèrement plus fourni que le gauche il me semble et vous ne souriez jamais, non bien sûr laissez moi plier votre écharpe là sur le dossier hum c’est doux votre écharpe et maintenant parlez-moi un mot ou deux cela suffit eh bien ce fut une excellente journée attention au tapis oh vous avez failli… je vous ferai signe par la fenêtre, allez.

15.1.09

PAN LE PAON



J’aime un paon.

C’est un paon des villes. A défaut de chanter
au réveil, un petit air de flûte il me joue.
Regardez bien sous son aile : mon paon y est percé
A deux endroits,
Un chasseur maladroit le prenant pour un faon, pan !
lui troua le flan.

Après l’avoir pansé, je le mis dans un panier, et sans le dire à personne, le déposai dans mon appartement.
Que pensez-vous qu’il fit ?
Une danse savante, courbant la tête et déployant ses ailes, il m’offrit un spectacle unique.
Plus tard il se mit à tourner comme un fou autour de moi. Pas de panique ! je compris qu’il m’invitait à en faire autant je tournais donc à mon tour autour du paon, pendant toute la nuit .
Le rituel accompli, fourbus, nous nous effondrâmes dans le douillet duvet de l’édredon.
Pan -c’est le nom de mon paon- et moi sommes restés amis, même si la vie a parfois mis des bâtons dans ses roues, il demeure un bon compagnon gai comme un pinson.

13.1.09

LA COURSE


















Quand je suis partie j’ai dit au revoir à mon papa au revoir à mon maman.
Avais-je un animal ? Je lui dis au revoir.
Le monde était très grand j’étais petite.

Sur mon papier signé par mon papamaman, l’adresse dans le monde grand où je devais me rendre.
J’ai pensé que ça ne finirait jamais.
Etre vieux et encore plus vieux et très très vieux et savoir ce que c’est d’être vieux dans le grand monde.

Quand je revis ma papamaman c’était moi eux c’était moi.
La très grande télé allumée sur les courses de chevaux tout nerveux .
Alors je m’endormis un peu dans le fauteuil.
A l’arrivée de la course j’avais les bons numéros mais je n’avais pas joué.

9.1.09

QUATRE PATTES


















Le chat fit quatre pas c’est-à-dire un pas par patte,
par conséquent il n’alla pas très loin avant de s’arrêter.
Ensuite il traversa une rue imprudemment, on peut dire même, qu’il ne la traversa pas tout à fait puisqu’une voiture l’écrasa avant qu’il n’eût atteint l’autre côté. Il s’ensuit que cette histoire de chat n’a plus ni queue ni tête.