28.2.12
HEUREUSEMENT J'AI MA VACHE
Heureusement j’ai ma vache.
Ma vache paît pendant que je chevauche
des coursiers insolents.
Heureusement j’ai ma vache
Sa peau de canapé est douce d’un côté
Et piquante un peu de l’autre.
Heureusement j’ai ma vache
Ma vache me cajole
Ma vache me chérit
Ma vache me sourit
Elle rit même.
Quand meugle ma vache
C’est l’annonce d’un cache-cache
Toujours je la trouve derrière un arbre
déguisée en treillis.
Heureusement j’ai ma vache
Ma vache est naïve
Elle est poète aussi et fait rimer le mot vache
Avec vache
C’est très osé dans la poésie d’aujourd’hui.
Heureusement j’ai ma vache
Ma vache est l’idole
De jeunes veaux arrogants et veules
Quand elle arpente les rues
Son allure indolente lui confère
un statut de reine que nul chauffard
N’oserait renverser.
Heureusement j’ai ma vache
Ma vache est folle
Elle se trouve moche
Avec ses taches
Rêve de rayures ou de pois,
Déprime.
Heureusement j’ai ma vache
Ses comprimés avalés
Je la retrouve dévalant
les pentes désinhibée
puis se rangeant sagement
sur l’étagère d’une vente aux enchères
où je la récupère
Heureusement j’ai ma vache
chérie
Si j’ai faim je la tète
Je ne connais rien de mieux
Que cette brave bête qui
Se balade dans ma tête.
29.5.11
LES ENCOMBRANTS
Encombrée de gens, j’ouvre ma main et comme d’une volière de pigeons, ces gens s’envolent
Dans mes jambes je les retrouve, chattons aveugles patinant sur les tétines internet de leur mère…A coups de pied, j’évince…Mon trop plein d’amis par wagon j’expédie à l’autre bout du monde,
C’est gratuit : un simple coup de fil et vos encombrants sont enlevés le jour même.
Allégée de toute contrainte, je m’allonge mélancolique, songeant à ce temps révolu où je pouvais sans trop d’états d’âme être le gentil tyran de mes amis consentants.
Ah qu’il est bon d’être seule, dis-je peu convaincue.
6.5.11
JE CONNAIS
Je connais le nom de tous les os du corps humain et je sais les situer.
Je connais tous les départements de France y compris d’outremer.
Je connais toutes les rivières des Etas-Unis et les fleuves aussi.
Quand l’infirmière vient changer mes pansements, on discute. Un clin d’œil égale oui deux égalent non.
Je sais résoudre une division à trois chiffres de tête et je m’entraîne pour quatre…
Je n’aurai pas mon permis de conduire cette fois ci. Quand l’examinateur a crié à gauche…GAUCHE !!!! Et que le camion 6 tonnes a réduit ses os en miette, j’ai pensé quel gâchis.
Si mon point de vue intrinsèque diverge , si mon pseudovecteur est désorienté, suis je condamné pour autant à jouer sur un manège au volant d’une soucoupe volante tout en élaborant de nouvelles lois sur la rotation spatiale ?
Maman dit que c’est tout à fait de mon âge et plus raisonnable, je dois y réfléchir.
5.11.10
CONTENT PAS CONTENT
En ce jour où j’étais très content, j’ai immédiatement pensé à un autre jour où j’étais moins content voire très mécontent, si bien qu’à la fin j’étais content. En toute chose j’essaie de trouver une moyenne, ainsi l’autre jour, j’ai pris une très grosse part du gâteau que l’on me présentait car à deux reprises auparavant j’avais décliné l’offre. A l’inverse j’ai remercié la femme du compositeur Schnoubloff pour son invitation au concert auquel je n’irai pas car j’ai assisté à son intégrale de trois heures sans entracte l’an passé. Maintenant je dois également penser à mesurer mon affection pour ma famille et mes animaux de compagnie, car les ayant déjà beaucoup aimés, il est grand temps que j’amorce le processus d’inversion, donc dès demain : moins de caresses, moins de paroles cajoleuses, moins d’abondantes gamelles, moins d’attention à tous. En ce qui concerne ma propre personne, je suis satisfait pour l’heure de ma philosophie qui dit en somme: aime toi un jour, déteste toi le lendemain, il en restera toujours quelque chose.
1.7.10
LUC ET PAUL
10.5.10
JOUR J
Il pleut de la pluie et le vent vente, c’est le jour J. On mange du poisson pané devant la télé qui charrie des nouvelles pas fraîches : un banquier s’est fait trouer sa combinaison latex, un informaticien est retrouvé mort, une pomme dans le derrière. La présentatrice articule bien chaque syllabe comme si sa vie en dépendait.
Il pleut de la pluie et le vent vente, c’est le jour J, le D Day, une princesse n’a pas trouvé la sortie du tunnel, puis des chanteurs chantent, des souris sourient. Une certaine heure approche, la nuit nuite, le chat chasse. Un insecte entre dans la chambre de l’enfant, peut être un rêve, c’est un moustique, un ami de la famille sur lequel on compte pour s’endormir.
Il ne pleut plus, c’est un autre jour.
3.5.10
OH MAMAN
Maman oh maman petite maman
prends ma main vieille maman
et va t’en.
Sur les rives blanches
où flotte mon cerveau
tu fais la planche.
Maintenant dans ton bain lacté
tu me fais un signe de la main.
Tandis que moi ton petit veau
je lèche des cailloux
apres et salés.
Après la cérémonie
Cheveux défaits, et déchaussée
par un chemin escarpé
je partirai.
13.4.10
LA PREUVE
29.3.10
OUBLIÉ
Le nombre de choses que j’avais notées pour ne pas oublier, c’était quoi déjà ?
J’étais en train de rôtir le lézard, avec quoi ? Patates ? non ! tomates ? Pas mieux ! Qu’est ce qu’on prévoit d’habitude avec le lézard ? quand mon chat fit son apparition déguisé en poulet : des plumes collées au poil, un bout de peau coincé dans la babine. La vie n’était plus la vie mais une sorte de souvenir à la saveur évaporée. Dans ma tasse de thé, plus de thé. Je buvais quand même. Le vide associé à la porcelaine de la tasse me procurait les sensations nécessaires à la fabrication du goût. La princesse d’Espagne était rentrée avec son parapluie mouillé, ah non c’était la femme de ménage, mais mouillé, oui, c’était bien le parapluie, ça sent comment dire…le vieux bateau échoué ou le prof d’histoire-géo…Un parapluie mouillé ça ne trompe pas, pas plus qu’une souris dans un jeu de cartes. Le soir même je devais annoncer quelque chose à la télé. Lorsque je l’allumais à 20 heures, je lui dis que c’était la dernière fois, qu’il ne fallait plus, que c’était mauvais pour moi, je ne vis aucun changement dans son comportement, et le lendemain à la même heure devinez quoi ? Le bleu de l’écran vibrait encore dans mon salon, depuis je ne sors plus de ma chambre mais il paraît que c’est la salle de bain.
26.1.10
SOUVENIRS D'AFRIQUE
Salifou n’est ni sale ni fou, c’est pourquoi il s’occupe du ménage de la maison M.
Djibo est beau c’est pourquoi il conduit la voiture des M.
Daouda ouvre la porte ou la referme pour laisser passer la voiture.
Sani n’a ni voiture ni maison c’est pourquoi il en dessine.
Ces bons amis vous souhaitent « une bonne arrivée » et s’enquièrent de la famille.
Plus tard vous égrainez vos souvenirs aussi lentement qu’un chapelet de prières pour que cela dure un peu.
Le voyage se poursuit dans la baignoire, en acier émaillé, surtout pas en acrylique, P ne supporte pas l’acrylique pour une baignoire ! Voudriez-vous d’une pirogue en acrylique ?
Ensemble luttons pour le maintien de la qualité de nos baignoires et de nos pirogues, il en va de l’avenir de nos hippopotames.
7.12.09
12.10.09
UN BANC, UN CHIEN
Bien sûr quand je me suis assis je croyais bien que c’était un banc, sinon pourquoi me serais je assis dessus?
Mignon ? Oui, oui, très mignon, poil ras, truffe rose, babine avenante, mais ce n’est pas une raison pour s’asseoir sur un chien?
Alors ? Vengeance ? Pfffff …
On n’accuse jamais personne de prendre un banc - aussi mignon soit-il - pour un chien, n’est ce pas, tandis que le contraire vous attire les foudres du public et pourtant où est la différence ? Un banc un chien, un chien un banc…un chien ?
Afin de réconcilier tout le monde, j’ai fait l’acquisition des deux, un jour je promène le banc, un jour le chien, puis je m’assois sur l’un puis sur l’autre, question confort c’est kif-kif… Question affection, c’est le chien qui l’emporte malgré tous les efforts du banc pour m’attendrir.
3.10.09
HELMUT
Helmut me regarde
enfoui dans son manteau de loutre.
J’aimerais qu’il me parle pour entendre
son tendre accent car je me sens si seule
dans mon tailleur.
Il fait froid, que cette soirée d’opéra
est longue.
Helmut est compositeur
de musique contemporaine.
La salle se vide au fur et à mesure,
dans sa fourrure Helmut sourit,
c’est ça sa vie.
A la fin, Helmut me dit : “ on y va”.
Je ne sais pas où on va.
enfoui dans son manteau de loutre.
J’aimerais qu’il me parle pour entendre
son tendre accent car je me sens si seule
dans mon tailleur.
Il fait froid, que cette soirée d’opéra
est longue.
Helmut est compositeur
de musique contemporaine.
La salle se vide au fur et à mesure,
dans sa fourrure Helmut sourit,
c’est ça sa vie.
A la fin, Helmut me dit : “ on y va”.
Je ne sais pas où on va.
7.9.09
EMBOUTEILLAGE
Remplir la bouteille à moitié vide du plein qui lui manque ou plutôt se remplir soi même de cette moitié et contempler ensuite la bouteille vide pleine de vide comme on dit. Passer de l’autre côté puis observer ce qui se passe, l’ondulation de l’air, la danse des objets, l’assouplissement des murs, la fuite des matières. Claquer des cils hop tout se rassemble au garde à vous dans la suspension du souffle, tousser, la bouteille vide comme un simple esprit est au centre du tumulte. Circuler sur le périphérique et tenter d’ élaborer sa théorie sur les vases communicants.
31.8.09
PYJAMA
27.6.09
LE CERCLE
Tous les lundis, on se réunit.
C'est le lundi, c'est comme ça.
On apporte des fruits secs, de l'eau,
des choses comme ça.
Chacun raconte ce qu'il fait,
c'est intéressant.
Après, on vote,
c'est difficile, il faut bien réfléchir,
c'est à ce moment
que la réserve de fruits secs diminue.
Ensuite, on élimine, non sans effort.
A partir d'une certaine heure,
on se sépare, on se salue et on se dit
à lundi prochain en souhaitant intimement
ne pas disparaître un de ces jours.
13.5.09
VIVE LA GÉOMÉTRIE!
Des ronds des carrés. Ah ! si tout était géométrie, je suis sûre que ça tournerait plus rond. Vive les losanges, les quadrilatères et les octogones, à bas les formes informes ! Zéro pointé meilleure note !
Tête au carré programmée pour tous les nouveaux-nés et parfaits rectangles funéraires pour les partants. Nuit horizontale, jour vertical… effacement du doute.
Pleines lunes débordées par la libido débridée des fusées.
Segment de vie inscrit sur la fiche. Réalisation de soi par la distance parcourue du point A au point B incluant une gymnastique topologique quotidienne pour affiner les courbes, prison éternelle pour les déviants emprunteurs de zigzag démesurés. A la brisure du cercle, apparition de la tangente signe du déclin, suivre la flèche direction chute dans l’infini, découverte de nouveaux espaces.
10.5.09
JE MENS
16.4.09
DANS MON LIT
Dans mon lit
Il y a moi
Seulement moi ce n’est pas beaucoup.
Souvent on dit
Il n’y a presque personne ici
Ou
Il n’y avait presque personne à ce spectacle…
Ça signifie quand même une bonne dizaine au moins,
Alors dans mon lit…
Je ne m’explique pas cet insuccès,
Il y a pourtant quatre oreillers bien douillets
Les draps sont propres, alors ?
Et si c’était à cause de moi ?
Mais si je m’en vais, alors il n’y aura plus personne !
Non tant pis je préfère rester dans mon lit.
18.3.09
À POIL
16.3.09
POLITESSE
A un moment je dis cessons d’être poli, cessons d’être content.
Déployons notre vulgarité et notre méchanceté
car il est temps. Ainsi,
entre la vieille dame qui fait pipi
et la vieille qui pisse
nous choisissons notre camp.
Plus de bonjour merci
ma main s’écrase sur ton nez
si tu me laisses pas passer .
Nous mordrons le museau des caniches,
et couperons la queue des vaches
ta gueule c’est moi qui dis !
Bercés dans un monde de brutes
cajolés par des catcheurs masqués,
de nouvelles vibrations
raviveront nos piles usées.
Chaque jour apportera
son programme de massacres
puis à un moment le réveil sonnera
et devant la glace de l’armoire
dans mon pyjama en pilou
le cheveu en bataille
je lancerai cette sentence :
« Maintenant, il est temps
de ranger l’appartement ! »
9.3.09
JOSYANE EN ACTION
Sur la photo on voit une femme d’environ quarante cinq ans, dodue. Entre ses mains elle tient une fleur qu’elle s’apprête à disposer sur une composition florale, les fleurs déjà fixées ont l’air d’être des narcisses. A côté, posé sur un papier, un tas de feuillage destiné à agrémenter le bouquet. La femme est debout. A sa droite dépassant de ses fesses on voit un bout d’un radiateur électrique mural, et plus haut, au niveau de ses épaules, un morceau de tapisserie ou une peinture on ne voit pas très bien… Des motifs de cette décoration dépassent aussi en frise un peu plus loin derrière son visage. La femme ne regarde pas l’objectif, elle regarde la fleur qu’elle tient entre ses doigts. La photographie est sous-titrée : Josyane en action.
3.3.09
LE DANCING
Zut le violeur a encore récidivé ! Lui dire de ne pas recommencer! Je sais je sais, il répond toujours, mais il RE CI DI VE !
C’est dans le journal, on peut lire ce qu’il a fait aux femmes, certains lisent plusieurs fois, ah le salaud ! et ils relisent : « alors comment ça s’est passé exactement… »
- Mais qu’est ce qu’on va faire de toi ? disaient les parents et maintenant le gentil commissaire aussi.
- I faut l’enfermer et lui couper la b… -c’est pas Dieu possible ! On entend.
La boule à facette, et les filles à fossette, ça s’est tout mélangé, le Gin tonic et la musique à fond la caisse, à chaque fois … pareil.
Comment freiner le train à grande vitesse ? On peut pas, il est parti… c’est trop tard.
Paf ! dans le mur. Le dancing, c’est fini pour moi, plus jamais, le dancing c’est dangereux, direct du dancing tu vas à la case prison et c’est pas du monopoly, tu touches pas les billets !
Le reste de la vie en jogging et en pantoufles et quelques souvenirs jolis quand même, de filles multipliées dans la lumière.
2.3.09
LE CHOIX
Partons en vacances, en Amazonie, ou pour 259,90€ par personne en Tunisie, ce sera gratuit pour un enfant de moins de 4 ans. Vite fabriquons cet enfant toute affaire cessante, ce sera si magnifique ce voyage pour débuter dans la vie ! Des petites babouches toute mini on lui achètera, et aussi des poufs, en cuir pour le salon, et des chameaux en terre cuite pour une tante !
Ou bien changeons de matelas, il paraît que c’est le moment, pas la peine de faire l’enfant, et en plus ils nous débarrasseront du vieux, c’est inespéré ! quelle chance on a, choisir comme ça !
Sinon il y aussi des cours d’Anglais, c’est utile…
Ou bien changeons de matelas, il paraît que c’est le moment, pas la peine de faire l’enfant, et en plus ils nous débarrasseront du vieux, c’est inespéré ! quelle chance on a, choisir comme ça !
Sinon il y aussi des cours d’Anglais, c’est utile…
1.2.09
SAVONS
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